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L’Institution Livet. Cours industriel : Enseignement technique, Dessin, Marine
Cours industriel : Enseignement technique, Dessin, Marine.
Le Cours industriel était suivi par les élèves qui se destinaient à la Marine (élèves de la Marine marchande ou apprentis-mécaniciens), aux Écoles nationales d’Arts et Métiers et aux carrières industrielles. Les élèves recevaient, outre un enseignement général développé, une instruction technique complète : le dessin et les travaux manuels en étaient, avec les cours spéciaux pour la Marine, les éléments importants.
1. — ENSEIGNEMENT TECHNIQUE. —
Cinq ateliers étaient ouverts :
1°- L’atelier de mécanique qui était muni d’un outillage mu par la vapeur ;
2°- L’atelier de menuiserie et modèles ;
3°- La fonderie ;
4°- Le laboratoire de chimie où les élèves étaient exercés sous la direction d’un professeur, ancien élève de l’École Centrale des Arts et Manufactures, aux Manipulations et Analyses Chimiques, « de plus en plus indispensables à un grand nombre de professions industrielles » ;
5°- Une salle de modelage qui permettait de préparer au Travail Manuel des élèves du Cours primaire eux-mêmes en leur donnant promptement l’intelligence du dessin.
Document extrait de la brochure du Cinquantenaire de l’Institution 1846-1896
© Archives lycée Livet
Album-Livre d’or P.83, 1894.
© Archives lycée Livet
« Les observations faites sur le développement des facultés morales et intellectuelles s’appliquent également à la culture des facultés physiques en général et manuelles en particulier.
« L’instruction d’un jeune homme ne finit guère qu’à seize ou dix-sept ans ; à cet âge, il est souvent trop tard pour commencer à donner à la main l’agilité et la dextérité indispensables pour le travail manuel et pour en faire naître le goût.
« Ordinairement la culture des facultés intellectuelles est séparée de la culture des facultés manuelles ; l’une et l’autre se font successivement au lieu de se faire simultanément en se prêtant un mutuel appui.
« Le bon sens et la nature indiquaient une méthode différente. Quels moyens ont été employés à l’Institution Livet ?
« A huit ans, les élèves ont parcouru les quatre classes du cours préparatoire ; ils ont acquis par l’étude de l’écriture et du dessin, une certaine adresse manuelle : le moment est venu de commencer l’enseignement technique proprement dit.
« Pour cela il fallait trouver un travail attrayant et peu fatigant, mais cependant utile et d’une pratique facile. Ces conditions ont été trouvées réunies dans le modelage en terre.
« Les premières connaissances des enfants en dessin y trouvent déjà leur utilité pratique. Leur habitude de bien voir est mise à profit, et, pendant quatre ans (la durée du cours élémentaire), ils sont habitués à exécuter en terre des modèles d’ornements, de figurines, d’académies, et même des groupes entiers.
« Les deux études de dessin et du modelage se servent mutuellement, et le sens de la vue est cultivé de la manière la plus heureuse par la recherche continuelle des rapports. Le temps employé n’est qu’un délassement du travail intellectuel et, dès le plus jeune âge, l’enfant apprend à se délasser d’un travail par un autre.
« A l’âge de douze ans, l’élève qui entre dans le Cours industriel possède une bonne instruction primaire ; toutes ses facultés ont été cultivées. Le moment est venu pour sa famille de prendre un parti.
« … Deux heures sont consacrées chaque jour à l’enseignement manuel pour les élèves qui se destinent à l’école des Arts et Métiers d’Angers, et quatre heures pour ceux qui désirent finir leur instruction à l’Institution Livet ; ces derniers passant plus d’années dans l’Institution que dans les écoles d’Arts et Métiers, arrivent à consacrer à leur apprentissage manuel le même nombre d’heures que dans ces établissements.
« Rien de plus curieux de voir ces jeunes gens endosser, après un cours de littérature ou de mathématiques, les vêtements de travail et s’armer de la lime ou du rabot ».
Album-Livre d’or P.84, 1894.
© Archives lycée Livet
Album-Livre d’or P.56, 1894.
© Archives lycée Livet
« Chaque élève reçoit, à son entrée à l’atelier, un livret sur lequel sont énumérés les outils qui lui sont confiés par l’établissement. Ce livret contient, en outre, la liste des travaux qu’il exécute pendant l’année, avec l’indication du temps qu’il a consacré à chacun d’eux, du prix de la matière employée et de la pièce terminée, enfin du bénéfice qu’il a pu réaliser. De là, une grande émulation chez les élèves ; de là, le désir de voir augmenter sur leur livret le chiffre du bénéfice.
« Les résultats obtenus jusqu’à ce jour ont été des plus remarquables.
« Les élèves ont pu faire pour l’établissement une partie de l’outillage des ateliers, du matériel d’école, et enfin des modèles pour le dessin industriel, — l’école et l’atelier se servant mutuellement.
« Les directeurs des principaux établissements industriels de la ville se plaisent à encourager cette œuvre utile en faisant exécuter à l’Institution Livet quelques uns de leurs travaux, et reçoivent, en les dispensant de l’apprentissage ordinaire, dans des conditions aussi avantageuses que celles des élèves des Écoles des Arts et Métiers, les élèves sortis de cette Institution. En outre, le laboratoire industriel, richement organisé, se charge des analyses commerciales d’un grand nombre de négociants et de raffineurs de la ville, ce qui permet de joindre aux études théoriques de chimie une pratique indispensable ».
2. — DESSIN. —
Le cours de Dessin était tout à la fois théorique et pratique. Les élèves étaient exercés à tracer des épures géométriques, des calques, à exécuter le dessin des machines dont ils avaient fait préalablement le croquis sous la direction du professeur qui leur avait expliqué les différentes pièces et le jeu de leur modèle. Tout objet, simple ou compliqué, était relevé sur nature ; le croquis en était pris, soit dans les ateliers de l’établissement, soit dans les principales usines de la ville, soit dans la salle de dessin qui possédait une riche collection de modèles en bois, en fonte et en bronze.
Le cours comprenait également l’architecture appliquée aux constructions civiles et le tracé des navires.
« Exercer l’œil à bien voir, à mesurer, à comparer, pour arriver, par le dessin artistique, à la reproduction des chefs-d’œuvre de l’antiquité, et, par le dessin linéaire, à l’esquisse rapide, puis à la représentation mathématique des produits de l’industrie et des monuments élevés par l’architecture : tel est le but de l’enseignement.
Facture moulages, 1936.
© Archives lycée Livet
© Photo M.L
© Photo M.L
© Archives lycée Livet
» Jusqu’à l’âge de dix ans (deuxième année du cours élémentaire), les deux genres de dessin sont enseignés simultanément par le même professeur, aidé par les maîtres de chaque classe.
» Au-delà de cet âge, les deux genres de dessin sont enseignés séparément. Un professeur spécial s’occupe de chaque genre ; mais les procédés ont des rapports étroits et se servent mutuellement : l’un donnant à l’autre sa justesse, son calcul ; l’autre, sa hardiesse, sa fantaisie.
» Pour le dessin artistique, les élèves sont exercés à reproduire des modèles gravés, le plus souvent tirés de l’antique ; puis, lorsqu’ils ont exécuté ainsi un certain nombre de têtes et d’académies de différents caractères, ils dessinent d’après la bosse.
» La salle de dessin possède, pour ces études, une collections de bosses et d’académies comme il n’en existe, croyons-nous, dans une aucune autre institution (1).
Album-Livre d’or P.55, 1894.
© Archives lycée Livet
Album-Livre d’or P.62, 1894.
© Archives lycée Livet
» Pour le dessin linéaire, des objets fort simples, en relief, sont placés sous les yeux des élèves. Le professeur les met dans diverses positions, les leur fait esquisser à la craie d’abord, puis à la plume, à main levée, sur un cahier spécial dit de croquis destiné à recevoir, en face du dessin, les explications faites au tableau par le professeur ; puis lorsqu’on est arrivé à un résultat satisfaisant, une feuille de papier est donnée à chaque élève qui reproduit mathématiquement, à l’aide d’instruments, le modèle qu’il a déjà deux fois exécuté à la main. L’objet est généralement représenté dans quatre positions différentes : élévation, de profil et de face, coupe et plan. C’est du dessin géométrique, même de la géométrie descriptive ; mais le nom n’en est prononcé que dans les dernières années, bien que la pratique en commence avec les premières études du dessin linéaire.
» Pour ce genre, aucun modèle gravé n’est mis à la disposition des élèves, mais toujours des objets en relief, fort simples d’abord, puis de plus en plus complexes à mesure que grandit leur intelligence du dessin. Dans leurs dernières années d’études, on utilise leur habitude d’esquisser et de représenter en les conduisant dans les principaux ateliers de la ville. Ils y prennent le croquis des machines souvent fort compliquées, dont le jeu leur est expliqué dans ses moindres détails ; ils rapportent à l’établissement ce croquis coté et en exécutent le dessin, mettant alors à profit les leçons de géométrie descriptive et de mécanique qu’ils ont reçues ».
1914
© Archives lycée Livet
(1) « La Gazette des Beaux-Arts », livraison de Novembre 1869, écrivait : « … M. Livet, directeur de l’École laïque de Notre-Dame, à Nantes, a organisé dans son établissement un enseignement du dessin sous la direction de M. Blondel, qui répond au désir exprimé plus haut de voir enfin cesser la confusion qui existe entre la valeur utile du dessin géométrique et le caractère de liberté qu’il importe de conserver au dessin d’art proprement dit. L’essai d’après nature, le tâtonnement par le dessin à vue, précède, pour les jeunes élèves, l’emploi des instruments, même dans l’étude des formes géométriques. Il s’ensuit qu’à un certain degré de l’enseignement il n’existe plus entre le tracé scientifique et le dessin pittoresque cette incompatibilité que nous avons signalée ici dans les résultats observés, et que l’intelligence plus parfaite des dimensions réelles d’un solide quelconque vu sous tous ses aspects, l’habitude de les reproduire de toutes façons, conduisent l’élève à en faire plus tard, par le dessin pittoresque, une représentation plus fidèle et surtout mieux caractérisée ».
Album-Livre d’or P.88, 1894.
© Archives lycée Livet
3. — MARINE. —
a. Élèves Mécaniciens de la Marine. —
Les candidats au grade d’Élève Mécanicien de la Marine nationale formaient une division complètement séparée des autres cours. Ils passaient quatre heures par jour aux ateliers ; le reste du temps était consacré à l’étude du dessin et aux cours spécialement utiles à la profession : langue française, géographie, économie industrielle, mathématiques pures et appliquées. Plusieurs professeurs spéciaux étaient exclusivement chargés de cette division.
© Archives lycée Livet
Mappemonde réalisée au lycée Livet
© Photo J-F L
© Archives lycée Livet
© Fonds C.B
Année par année, la Société Amicale des Anciens élèves, qui facilitait l’entrée des jeunes dans le commerce et l’industrie, a relevé les résultats obtenus par l’Institution dans les examens et concours. En 1890 : Élèves-mécaniciens de la Marine : 14 nommés. - École Nationale d’Arts et Métiers d’Angers : 11 reçus. - École Nationale Vétérinaire d’Alfort : 2, dont le premier de la promotion. – Baccalauréat de l’Enseignement spécial : 16 élèves dont 5 avec la mention Bien. – Brevet d’Instituteur : 34 élèves, etc…, au total, cette année là : 167 examens favorables, étant compris 21 certificats d’études primaires supérieures et 48 certificats d’études primaires.
Chaque année, des résultats à peu près identiques ont été enregistrés. A partir de 1877, un concours avait été établi, pour le recrutement des Élèves-Mécaniciens de la Marine Nationale. Quelques années plus tard, un élève pouvait écrire à sa mère : « Il en pleut des Livet à Toulon ». En 1896, 13 élèves du département admis à l’École d’Angers appartiennent tous à l’Institution. Abel Chauvin, maître de conférences à la Faculté des Sciences de Toulouse, avait préparé à l’Institution Livet le concours des Arts et Métiers. A son exemple, certains élèves poursuivirent avec succès leurs études qui à l’École Normale d’enseignement spécial de Cluny, qui à l’École Centrale des Arts et Manufactures.
Industriels et commerçants ont maintes fois fait l’éloge des anciens élèves devenus leurs collaborateurs. Rendant compte à ses camarades des résultats de l’année scolaire 1894-1895, le Président de la Société Amicale disait que « cette année encore tous les élèves sortis de l’Institution ont été immédiatement placés dans le commerce, l’industrie ou les administrations ; c’est là une preuve de l’appréciation flatteuse dont ils sont l’objet de la part des commerçants et des industriels ». « Votre Institution est universellement connue, écrivait à Eugène Livet M.Olivier, Inspecteur mécanicien, membre de la Commission d’examens des Mécaniciens de la Marine Marchande, j’ai eu de vos élèves sous mes ordres : tous, je puis l’affirmer, vous font honneur ».
Source : Georges Creveuil, Eugène Livet 1820-1913.
Conservatoire du Commissariat de la Marine à Toulon.
Habit d’ingénieur hydrographe en chef.
© Fonds C.B
b. Élèves de la Marine Marchande. —
Un professeur d’Hydrographie, attaché à l’Établissement, faisait les cours particuliers, pour les jeunes gens se destinant à la Marine de commerce (préparation aux diplômes d’Élève de 1re et 2e classes). Les élèves avaient à leur disposition une Collection spécialement pour l’explication du Gréement et la manœuvre des bâtiments.
Album-Livre d’or P.85, 1894.
© Archives lycée Livet
Ainsi, en plus des carrières de la Marine, du Commerce et de l’Industrie, les jeunes gens pouvaient envisager et préparer leur entrée :
1° soit dans les Écoles spéciales :Écoles d’Arts et Métiers, École des Apprentis mécaniciens , Écoles des Beaux-Arts, Écoles d’Architecture (le cours de dessin était complété par un cours de géométrie descriptive et de coupe de pierre), École des Mines de Saint-Etienne, Écoles Supérieures de Commerce, etc…
2° soit dans les Administrations publiques : Ponts et Chaussées, Voirie, Postes, Chemins de fer, etc…
Dans les Sections des Cours professionnel et industriel, des examens avaient lieu trimestriellement. Tous les ans, une exposition publique des travaux de l’année était organisée à l’époque des vacances.
Une part était réservée dans les programmes à la gymnastique, et, de plus, conformément aux instructions du Ministre de l’Instruction publique, des exercices militaires se faisaient sous la direction d’instructeurs.
Source : Georges Creveuil, Eugène Livet 1820-1913.
© Archives lycée Livet
© Archives lycée Livet
© Archives lycée Livet
Album-Livre d’or P.26,1894.
© Archives lycée Livet
© Album-Livre d’or P.36,1894.
© Archives lycée Livet
© Fonds G.Lecomte
Le Nouvelliste de l’Ouest. Jeudi 28 juillet 1898
2009...