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E.N.P E. LIVET et I.P.O. de Nantes : des liens originaux
Deux écoles nantaises, voisines dans le quartier Saint-Clément - Saint-Donatien, ont tissé des liens particuliers au début du XXe siècle.
Aux origines
L’Ecole Nationale Professionnelle Eugène Livet, créée en 1898, s’est installée en 1910 dans les locaux de l’ancien Séminaire de Nantes, rue Saint-Donatien, devenus propriété de la Ville de Nantes après les lois de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et cédés à l‘Etat.
Le 5 novembre 1919, au lendemain de la 1ère Guerre mondiale, s’ouvre rue Saint-Clément l’I.P.O. - Institut Polytechnique de l’Ouest -, dans les bâtiments de l’ancien Séminaire dit de philosophie, mis à sa disposition par la municipalité nantaise.
L’ENP a vocation à former en 4 ans des techniciens de l’industrie et à préparer ses meilleurs élèves aux Ecoles des Arts et Métiers ou d’Hydrographie de Nantes, par exemple. Elle « offre la possibilité d’une promotion sociale ».
Quant à l’IPO, c’est une école municipale, conçue pour répondre aux besoins en ingénieurs de l’industrie locale. Elle naît « d’un consensus entre un projet municipal et les désirs exprimés des industriels nantais ». Le troisième acteur de sa création est Aymé POIRSON (° 29-09-1872, Outremécourt, Haute-Marne, 52 ) : ingénieur diplômé de l’Ecole supérieure d’aéronautique et de constructions mécaniques de Paris, après avoir enseigné dans une Ecole pratique de commerce et d’industrie de Lille, en novembre 1914 il est « envoyé à l’ENP de Nantes pour y créer une section de mécaniciens spécialisés sur le moteur à explosion ». En 1918 « élu président du groupe nantais de l’Amicale des Anciens élèves des ENP », il présente à ce titre « un projet de cours du soir de perfectionnement ». Et surtout, il propose de transformer l’ENP en institut technique, avec une 5e année d’études, dans un rapport sur la « formation des cadres de l’industrie mécanique ». Il rejoint le projet de la ville de Nantes d’un institut qui est voté le 5 août 1919. Aussi, le directeur choisi est A. Poirson, alors qu’il « doit prendre un poste à l’Ecole nationale des A & M d’Angers ». Il va organiser la nouvelle école d’ingénieurs, ouverte le 5 novembre 1919 et conduire son développement jusqu’en 1934. Son successeur, Paul Le Rolland, universitaire-chercheur, dirigera l’IPO avant de devenir en 1945 directeur de l’Enseignement technique.
Les liens entre l’ENP Livet et l’IPO
Les liens entre les deux écoles « vont être très forts » pour diverses raisons et dans divers domaines.
La proximité
Les deux établissements scolaires sont installés dans deux ensembles immobiliers de l’ancien Séminaire. Une rue les sépare, devenue la rue Maréchal Joffre.
Le premier directeur de l’IPO, A. Poirson demeure en des lieux connus et attaché à Livet, le point de départ de la réalisation de son projet pédagogique. Ainsi, son souhait, début 1921, de créer un musée de Technologie et une exposition permanente industrielle est d’installer « l’ensemble dans les locaux de Livet en raison de la proximité des deux établissements ». Ce projet, lié à la « démolition de la chapelle de la Salette située dans » l’ENP ne verra pas le jour.
Le corps enseignant
Pour la 1ére année de l’IPO, en 1919, le recrutement est essentiellement nantais. Ainsi, sont détachés de l’ENP Livet Matray, professeur de mathématiques et de comptabilité et Boscher, sous-chef d’atelier temporaire.
Plus tard, en 1937, des enseignants de l’ENP seront chargés de cours à l’IPO : Feulvarch, dessin industriel (ingénieur A & M, professeur de dessin), Poterie, technologie mécanique (ingénieur A & M, chef de travaux).
A l’inverse, des ingénieurs IPO deviendront enseignants dans les ENP : par exemple J. Richard (IPO 1923) à Vierzon, Jean Bolot (IPO 1922) et Henri Fürst (IPO 1924) à Livet.
Les études et les élèves
L’enseignement de l’IPO dès ses débuts comprend deux sections principales avec des spécialités : ingénieur et technicien, avec une durée des études de 3 ans.
Cette section de technicien permet à des anciens élèves de Livet (après 4 ans d’études) de poursuivre leur formation technique, par exemple après un échec au concours d’entrée à l’Ecole des A & M d’Angers. D’autres, après quelques années de vie professionnelle, intègrent l’IPO et deviendront cadres ou ingénieurs dans leurs entreprises.
Les lieux d’examen
En 1947 par exemple, les locaux de l’IPO serviront de salles d’examen pour les épreuves écrites du concours d’entrée aux A & M « subies » par les élèves de l’ENP.
Et pour le nouveau bac Mathématiques et Technique (après le 1er bac technique créé en 1946), à l’oral les épreuves d’atelier (8 h) et de technologie se dérouleront aussi à l’IPO. Cela est un des avantages de la proximité des deux établissements.
Quand en mars 1947 sera célébré le cinquantenaire de l’ENP Livet à Paris, au cours du banquet du Congrès de la Société amicale des Anciens Elèves des ENP, le directeur de l’Enseignement technique, Paul Le Rolland (l’ancien directeur de l’IPO) prononce un long discours. Il souligne la puissance de « la science étroitement associée à la Technique » et l’importance nationale de « la belle famille de l’Enseignement technique ». Et comme « il fallait démontrer qu’une élite intellectuelle pouvait se dégager de l’enseignement technique », ont été créés le baccalauréat technique, puis celui de Mathématiques et technique (juin 1947) - « peut-être même plus difficile » que les autres -, permettant « à tous l’accès de l’Enseignement supérieur et des Ecoles d’Ingénieurs ».
Le devenir de l’ENP Livet et de l’IPO
La seconde moitié du XXe siècle voit l’évolution extraordinaire de l’enseignement dans tous ses domaines et formes, à l’image des sciences et techniques avec leurs « révolutions » diverses. Aussi, les deux écoles nantaises, d’essence et de vocation différentes, vont, elles aussi, évoluer pour répondre aux besoins et appliquer les réformes imposées par l’Etat. Il suffit de rappeler, schématiquement, l’évolution des appellations successives des deux établissements, représentant celle des statuts et des programmes d’études.
L’ENP Eugène Livet devient en 1961 lycée technique d’Etat, puis lycée régional technologique et général en 1985.
Pour mémoire, après le bac (technologique ou scientifique) ou le BTS, les élèves peuvent poursuivre leurs études dans les classes préparatoires aux concours des Grandes écoles (notamment les A & M, comme à l‘origine de l‘ENP).
L’IPO, école d’ingénieurs, devenu un institut de la Faculté des sciences de Rennes en 1926, a pris en 1948 l’identité d’ENSM - Ecole Nationale Supérieure de Mécanique. L’école intègre en 1991 le nouveau groupe des 4 Ecoles centrales, sur le modèle de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris. Son appellation nouvelle est donc l’Ecole Centrale de Nantes.
Pour répondre aux besoins d’extension, l’établissement déménage et s’installe en septembre 1977 dans les bâtiments neufs du site du Petit-Port - le campus du Tertre -, voisins de la faculté de Lettres de l’Université. Les locaux de l’ancienne IPO abritent depuis 1967 l’IUT de Nantes, jusqu‘à son transfert en 2005 sur le site de la Fleuriaye à Carquefou.
Ainsi, en 2010, les deux écoles se sont éloignées (Livet demeure sur le site de la rue Dufour depuis un siècle) et leurs liens ne demeurent que par l’accès possible d’élèves de « prépa » de Livet à l’Ecole Centrale de Nantes.
Michel Kerézéon
Tous droits réservés.
21-08-2010
Sources
Bulletin mensuel de la Société Amicale des Anciens Elèves des Ecoles Nationales Professionnelles, septembre-octobre 1948, numéro 5
FONTENEAU-CHAMPEAU (Virginie), De l’I.P.O. à l’E.N.S.M. (1919-1969) : les oscillations d’une école d’ingénieurs en quête de son identité entre industrie et recherche sur les matériaux dans la région nantaise, tome I, 396 p., Thèse de doctorat, 28 novembre 2001, Université de Nantes.
HERVOUET (Philippe), FONTENEAU (Virginie), L’Ecole Centrale de Nantes, 1919-2009, Une aventure humaine pédagogique et scientifique, Société Nantaise d’Editions et de Réalisations, 2009, 297 p.
Site Internet : Livet-Histoire