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Les années Husson
Les années Husson, années du renouveau
A la rentrée 76, arrive un nouveau chef d’établissement, Jean Husson. C’est un ingénieur Arts et Métiers, comme ses prédécesseurs. Petit homme vif argent, l’œil noir sous des sourcils broussailleux il est toujours là où on ne l’attend pas, furète partout et connaît son lycée comme sa poche. Il a des colères énormes et un rire tonitruant. Très simple, le cœur sur la main, il est attentif aux autres ; il a surtout le souci des élèves qui lui sont confiés, tant est haute sa conception du Service Public. Pragmatique, il agit avec ce qu’il a, tout en se battant pour obtenir ce qui lui manque.
Jean Husson a des idées bien arrêtées sur sa mission de chef d’établissement : il estime inacceptable l’existence de classes privilégiées au côté de "classes-rebuts ". Pour lui tous les élèves sont dignes du même intérêt et il refuse de privilégier les uns ou les autres. Prenant acte de l’évolution du recrutement, il a le souci de préparer l’avenir, sans regret du passé. Pour redresser la maison, il faut d’abord inculquer aux jeunes qui lui sont confiés, le sens des responsabilités, la volonté de se battre et d’être les meilleurs. Mais pour réussir il faut offrir aux élèves de meilleures conditions de vie et de travail, et revaloriser l’enseignement technique. Il va atteindre brillamment ses objectifs.
A son arrivée, demeurent de l’ancienne équipe : le Censeur, monsieur Kéfalas, en place depuis 1968, et monsieur Ribault, intendant depuis 1969 ; en 1974, un jeune chef des travaux, Maurice Borjon-Piron, a remplacé monsieur Bouvier qui en faisait fonction depuis cinq ans. Quant à l’équipe des conseillers Principaux d’Éducation (CPE), elle est entièrement renouvelée avec l’arrivée de " Bob " Pillard en 75 et de Philippe Daviaud et Georges Corvec en 76.
C’est surtout en s’appuyant sur ces éléments neufs, qui entretiennent des rapports très étroits avec les enseignants les plus motivés par le changement, qu’il entreprend un véritable ’équipe qui va donner au lycée une nouvelle impulsion.
La modernisation
Dès la première année, on réorganise la vie scolaire et les conditions de travail personnel des élèves : d’une part les élèves sont autorisés à sortir entre midi et 13 h 30 et une fois par semaine, les internes majeurs ont droit à une sortie en ville jusqu’à 22 h. Mais d’autre part on rétablit les dortoirs-études pour les terminales, avec obligation de travailler (contrôlée par les CPE), tandis qu’on diversifie les salles d’études pour les autres classes.
Très vite également, on revoit le règlement intérieur. Il essaie de prendre en compte l’évolution des mentalités, responsabilise davantage les élèves en accordant une place importante à l’hygiène et à la sécurité, à la santé et à la surveillance médicale, à l’assiduité et au régime des sorties, au caractère éducatif des sanctions, au rôle déterminant des délégués élèves.
On rénove le fonctionnement des conseils de classe : présence des délégués à la totalité du conseil (seuls quelques cas individuels seront traités à huis clos immédiatement après l’étude des cas individuels), présence des professeurs d’EPS, présence du CPE responsable vie scolaire de la classe et en seconde, la conduite des débats est confiée au professeur principal. L’objectif est de permettre à ceux qui connaissent le mieux les élèves d’étudier chaque cas, en toute liberté de parole et sans langue de bois.
On diversifie les voies d’accès à la connaissance : le CDI se modernise, il devient un lieu d’enseignement à part entière, grâce à l’énergie de Jacques Chauvet, le documentaliste. Les professeurs y viennent conduire des recherches avec leurs élèves et une masse considérable de données sont archivées dans toutes les disciplines. Une salle audiovisuelle est créée qui intègre les technologies nouvelles de l’image et du son.
Les CPE relancent les activités du FSE et le restructurent, coopérative des élèves incluse. Ils en renouvellent le Conseil de gestion, qui compte désormais 10 élèves pour 6 adultes. Le proviseur fait adopter en 1977 par le CA la création d’une "commission d’aide" chargée d’attribuer des parts de bourses supplémentaires mises à disposition du lycée, et de la gestion de la caisse de solidarité.
L’information des élèves et de leur famille se développe : on fait appel à des intervenants extérieurs, à l’occasion de forums sur les métiers, on organise à la fin du deuxième trimestre une journée "portes ouvertes"
Le rôle prépondérant de la vie scolaire
Les CPE acceptent de jouer un rôle prépondérant dans la vie du lycée. Ils le revendiquent et à travers leur action se dessinent de nouveaux contours de leur métier. Leur façon de travailler, leur conception du métier et leur engagement personnel auront une influence profonde, bien au-delà du lycée, sur la définition du référentiel de leur catégorie.
Chacun prend en charge un niveau — classes de seconde et première année de BTS, classes de première et deuxième année BTS, terminales et classes préparatoires — dont il suit la scolarité d’année en année. Il examine les résultats des élèves, qu’il interprète à la lumière de leur comportement : absences, retards, indiscipline, problèmes personnels, familiaux ou de santé. Le CPE est donc la référence obligée pour tout élève en difficulté et travaille dès lors avec l’élève lui-même et avec les équipes d’enseignants pour redresser la situation quand il le faut. Ce système original — qui exige un fort investissement professionnel — fera ses preuves de longues années durant, et contribuera pour une large part à l’amélioration du travail et des résultats des élèves.
En juin 77, les effets de cette politique ne se font pas attendre : le taux de succès aux examens passe de 50 à près de 70%...
Une structure pédagogique en évolution permanente
Pendant ces 9 années (76-85) le lycée confirme une évolution qui l’amènera, à la fin des années 80, à se démarquer des formations courtes à visée professionnelle et à dispenser essentiellement un enseignement technologique long. En 78-79 on transfère à l’ENNA les sections de BEP mécanicien monteur, tandis qu’une TS électronique ouvre ses portes en 1980.
L.T.E 1979-1980
Enfin le lycée doit s’adapter aux fluctuations des demandes des familles Ainsi on observe une certaine récession des sections de génie civil au profit des sections mécanique électricité. Pour pallier cette diminution, s’ouvre en 84 une section de 1ère F4 (génie civil) d’adaptation, destinée aux meilleurs élèves de BEP.
En 81-82, les classes de secondes sont réformées : on y dispensera 21h30 d’enseignement général, et 11 heures d’enseignement technique. Des options de deuxième langue vivante (anglais et allemand), d’arts plastiques aussi, sont proposées aux élèves, ce qui accroît leurs possibilités d’orientation.
Enfin à la rentrée 83, une section spécifique F12 (arts appliqués) vient remplacer la section collaborateur d’architecte. Unique dans l’académie, elle connaît un véritable engouement : on compte plus de 200 demandes pour 24 places… Son recrutement sélectif et la qualité de son enseignement en feront vite une des sections les plus réputées de l’établissement, et ses meilleurs élèves accéderont aux écoles d’art les plus prestigieuses, que ce soit dans le domaine de l’aménagement de l’espace, de l’objet (stylisme, esthétique industrielle, décoration ou de l’image (communication visuelle et audiovisuelle).
Un problème alarmant : l’état des locaux
Certes, de sensibles améliorations aux conditions de vie sont apportées par la création des dortoirs-études, par la réfection des sanitaires (installation de l’eau tiède…). Mais dans l’ensemble, les conditions de travail des personnels et des élèves sont déplorables et les mouvements de protestations contre la vétusté des locaux et l’inertie des pouvoirs publics vont s’amplifier.
Exaspérés de la stagnation de la situation, les élèves refusent en janvier 1978 de rentrer dans les ateliers, ils organisent une opération portes ouvertes, relayée par la presse, et après une nouvelle grève en mars, des crédits sont enfin alloués pour entamer les travaux d’extrême urgence : chauffage, toitures, vestiaires. La revendication d’une réfection des locaux, surtout des ateliers, est systématiquement reprise à chaque mouvement de grève des élèves, même s’il s’agit de mots d’ordre nationaux, comme celui du printemps 80 contre la réforme Beullac.
Pourtant le lycée fait ce qu’il peut avec les moyens du bord : un PAE (projet d’action éducative) permet d’aménager, en 81-82, un local qui servira de foyer des élèves. Les travaux des vestiaires progressent lentement, effectués en travaux pratiques par les classes de génie civil. On aménage un vestiaire pour les filles (qui restent hébergées à l’extérieur, faute de locaux spécifiques), un nouvel amphi de technologie dans l’atelier de mécanique. Mais les travaux de fond, électricité, chaufferie, self-service, sont systématiquement reportés par l’autorité de tutelle, malgré les vœux réitérés du conseil d’administration ou les pétitions auprès du Maire, du Conseil général, des députés et bien sûr du Recteur.
Finalement les choses progressent peu à peu, et dans les années 83-85 on perçoit un début de mise à l’étude de travaux de fond, comme si on voulait calmer les vagues revendicatives des années 80. Il faut dire que l’orage de grêle de juillet 83, qui dévaste la toiture et surtout la verrière de la cour des élèves, rend plus visible encore l’état pitoyable des bâtiments. Un crédit d’urgence est débloqué et dans la foulée on procède à la mise en conformité d’installations électriques, on change deux chaudières, on rénove un certain nombre de tuyauteries pour l’alimentation des sanitaires. Si le bateau est vermoulu, du moins ne fait-il plus eau.
Presse-Océan. 4 février 1978
© Archives lycée Livet
Presse-Océan. 30 mars 1978
Ouest-France. 30 mars 1978
© Archives lycée Livet
Jolie scie à ruban cherche lame sœur pour débiter des petits riens.
Presse livétienne, 1980.
Une vie périscolaire animée
Dans ces années, sous l’impulsion des CPE, et grâce à l’engagement de certains enseignants, le foyer socioéducatif est un élément important d’animation de la vie des élèves. Ses activités sont variées et se répartissent en deux grands secteurs : activités à caractère culturel (club UNESCO, puis Tiers Monde, ciné club, théâtre, presse, informatique etc…) ; activités de loisir et de détente (philatélie, échecs, jeux de société, poterie, sérigraphie, modélisme, musique, fabrication de planche à voile etc…). La coopérative, remise à flots, fait désormais partie intégrante du FSE. Elle propose fournitures et livres scolaires à prix avantageux, gère les distributeurs de boissons et, à partir des années 80 organise en début d’année scolaire la bourse aux livres.
Animé par cinq professeurs d’éducation physique, le « Nant’z‘Arts Club » maintient une tradition sportive ancienne. Livet est l’établissement du département qui compte le plus de licenciés puisque neuf équipes, dont deux féminines, participent aux championnats de l’UNSS.
Une pédagogie ouverte
Ces années sont riches aussi par l’ouverture de la pédagogie aux méthodes actives, à la responsabilisation des élèves, à l’interdisciplinarité ou au monde économique. De nombreux projets d’actions éducatives (PAE) témoignent de la créativité et du dynamisme des enseignants. Citons, parmi ces réalisations, l’aménagement du foyer des élèves par la section BT exécution de travaux, les parcours d’orientation de la classe de BEP opérateur géomètre, la réalisation d’avions radiocommandés par les sections de micromécanique (F10) et le club modélisme du FSE, le PAE pluridisciplinaire " mer et bateau " qui associe l’étude des carènes, les cours de navigation, l’analyse des cartes, l’histoire de la marine, et se termine pour les élèves de 2 T1 par une croisière dans les îles du Morbihan. Sans parler de la spéléo, des microfusées, de la signalétique du lycée, de l’étude des bibliothèques de Nantes…
La pédagogie pure n’est pas négligée pour autant. Livet impulse la réforme de la TSA avant 85, et ses équipes d’enseignants sont celles qui, au plan académique, contribuent à la réflexion et à la mise en place de la réforme.
Enfin l’ouverture au monde économique se concrétise par les premiers jumelages, qu institutionnalisent une pratique informelle déjà ancienne. Saulnier-Duval, SOGEAT, l’EGTP Le Guillou, CBL, deviennent vite des partenaires familiers de la formation initiale ou continue.
Ainsi pendant ces neuf années, sous la conduite de Jean Husson, le lycée a considérablement évolué. En 81 Charles Tréguer, le nouvel intendant, en 82 Jean Chavenon, le nouveau proviseur-adjoint, en 83, Marie-Claude Nonnet, une conseillère principale d’éducation (qui marquera son service de sa forte personnalité, jusqu’à son départ, en 1995), renouvelleront son équipe de direction et d’animation, mais les méthodes resteront les mêmes : souci réel de promotion du plus grand nombre, respect des élèves, concertation et implication de tous, en particulier de la vie scolaire, dans la réussite des élèves, créativité et adaptation de l’enseignement à l’évolution, que ce soit celle des mentalités ou celle des technologies.
Jean Chavenon
1981-1982
© Archives lycée Livet
La Tribune. Novembre 1982