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Armentières
ÉCOLE NATIONALE PROFESSIONNELLE D’ARMENTIÈRES (NORD)
HISTORIQUE
L’École d’Armentières, créée par le décret du 10 mars 1882, ouvre ses portes à 91 élèves, le 10 octobre 1887, et, le 6 novembre de la même année, elle est officiellement inaugurée par M.Spuller, Ministre de l’Instruction publique.
Elle occupe un magnifique terrain d’une superficie de 4 hectares placé à peu de distance du centre ville et dans les meilleures conditions de salubrité.
De 1887 à 1900, sous la direction de M.Fatelot, jusqu’en 1893, puis de M.Lacabe, l’école ne manqua pas de montrer quelques hésitations dans sa pédagogie comme dans son administration. Elle ne se savait au juste ni école primaire supérieure, ni école professionnelle. Deux ministères la revendiquaient, celui de l’instruction publique et celui du commerce. C’est à ce dernier qu’elle finit par revenir en propre le 13 avril 1900.
© Fonds C.B
De 1900 à la guerre, deux autres directeurs se sont succédé. Labbé de 1900 à 1908 a marqué l’école de l’empreinte profonde de sa forte personnalité en donnant l’impulsion à l’enseignement professionnel. De 1908 à 1920, M.Druot sut encore parfaire l’œuvre de son prédécesseur.
Sous leur direction, l’Administration a connu l’unité, la pédagogie, conquis la netteté ; des ateliers nouveaux ont été créés ; des laboratoires divers, une station centrale, d’importants musées, des sections nouvelles sont nés. Ils ont fait de l’école ce qu’elle est. MM.Labbé et Druot ont été les deux grands directeurs de l’école.
L’institution d’un concours d’entrée permit un recrutement homogène et un relèvement du niveau des études.
Alors qu’en 1901, date du premier concours, 115 candidats seulement se présentaient à l’école, 291 candidats affrontaient en 1914 les épreuves du concours.
Parallèlement à la préparation directe à l’industrie, l’école s’était assigné, dès le début, un second but : la préparation aux écoles secondaires de l’enseignement technique : École nationale d’arts et métiers, institut industriel du Nord.
Le 1er août 1914, M.Druot mobilisa l’école et aussitôt commença le service militaire de sa maison. L’école apporte le concours de son personnel et de son matériel au ravitaillement de la population civile, dans des conditions d’abord simplement difficiles, mais qui sous les obus, ne tardent pas à devenir dangereuses. L’école avait matériellement peu souffert quand les Anglais arrivèrent le 17 octobre 1914 ;
Entre temps, une pauvre tentative de rentrée scolaire avait lieu ; une quinzaine d’externes rentrent le 5 octobre 1914. Malgré les vicissitudes d’une bataille qui se déroule à proximité et les dangers continuels du bombardement, l’enseignement se poursuit, jusqu’en juillet 1915, aussi régulièrement que le permettent les évènements.
Pendant le même temps, l’école contribue, par tous les moyens dont elle dispose, à la défense nationale. Ses 335 lits, reçoivent des malades et des blessés. Ses ateliers qui, à certains moments occupent 400 ouvriers, travaillent nuit et jour à la fabrication du matériel de guerre pour les armées anglaises (grenades, lance-grenades, bombes, lance-bombes, porte-fusils, périscopes, mortiers de 100 mm., matériel de tranchées, etc.). Ses laboratoires servent aux recherches sur les gaz asphyxiants.
Puis c’est l’agonie de la magnifique école, écrasée sous les obus. Le matériel des ateliers est transféré, en juillet-août 1915, à l’hospice d’Hazebrouck. Les archives sont enlevées. Le 20 mars 1916, le personnel encore présent reçoit l’ordre d’évacuation du Ministère. Bientôt la situation s’aggrava, et l’incendie aidant, il ne resta plus que des ruines sur l’emplacement de l’école.
Les travaux de reconstruction sont commencés au mois d’août 1920. Rapidement poussés, ils permettent la réouverture dès octobre 1921, avec 85 internes et 25 externes en première année, une section spéciale de préparation aux arts et métiers comptant 38 élèves et une section préparatoire de 45 élèves. M.Tripard avait succédé, en juin 1920, à M.Druot, nommé inspecteur général.
Les bâtiments sont reconstruits d’après les plans primitifs modifiés et adaptés aux conditions de l’ère nouvelle qui commence. Les ateliers sont agrandis, aménagés de façon moderne.
En 1923, pour faire place au nombre d’élèves de plus en plus important, la section préparatoire est transférée au collège de garçons d’Armentières.
Depuis, c’est l’époque contemporaine avec le retour des écoles nationales professionnelles au Ministère de l’Instruction publique.
En 1924, de nouveaux programmes, élaborés par les soins de la Direction générale de l’enseignement technique, sont mis en application en remplacement de ceux de 1914.
Une place plus grande est faite à la culture générale, place qui sera encore accrue dans les programmes de 1934, actuellement en vigueur. Des acquisitions de terrains en 1927 et en 1938 ont porté la superficie de l’école à sept hectares.
Un terrain de sport a été aménagé en 1934.
Le 22 mai 1938, l’école fête le cinquantenaire de sa naissance. Au cours de cette cérémonie officielle, M.Julien, sous-secrétaire d’État de l’enseignement technique, remet à l’école la croix de la Légion d’honneur.
Cette haute distinction honore non seulement l’école d’Armentières, mais toutes les écoles nationales professionnelles, et les membres de la Société Amicale des Anciens élèves.
Le 2 septembre 1939, nouvelle guerre mondiale puis…l’occupation. L’école ferme ses portes, ses élèves trouvent refuge dans d’autres écoles nationales professionnelles…
L’école d’Armentières a échappé miraculeusement aux terribles bombardements aériens de la ville, mais a souffert du pillage nazi.
À la libération, l’école ouvre à nouveau ses portes à la jeunesse française. Les ateliers sont rééquipés sous la direction du nouveau directeur, M.Wattebled. Des améliorations nouvelles et des embellissements sont en projet. Ne doutons pas que ceux-ci ne maintiennent l’école au niveau des plus belles et des plus modernes, au séjour très agréable, très sain et très vivant pour les futurs techniciens.
DESCRIPTION DE L’ÉCOLE
LES BÂTIMENTS
L’œuvre a fait reprendre à l’école un aspect qui surprend agréablement les visiteurs.
Occupant une superficie de sept hectares, dont plus d’un hectare en construction, le reste en cours, jardins et terrain de sport, l’établissement comprend un important bâtiment central et d’élégants pavillons largement ouverts à l’air et à la lumière et répondant à toutes les exigences de l’hygiène, du confort, de l’instruction et de l’éducation.
Par emplacement qu’elle occupe, par l’admirable aspect de ses constructions et par l’heureuse distribution de ses locaux, l’école constitue une œuvre architecturale d’une harmonie parfaite dans ses lignes comme dans ses couleurs, et elle peut supporter la comparaison avec les maisons d’éducation les plus richement aménagées.
De vastes salles, aux larges baies, aménagées pour donner toute aisance aux élèves, sont réservées aux classes et aux études ; l’amphithéâtre de chimie où 200 auditeurs peuvent prendre place, est complété par un laboratoire et une salle de manipulations.
À l’amphithéâtre de physique est annexé un laboratoire d’électricité, monté d’après les conceptions modernes de cette importante branche de l’industrie. Au premier étage sont installés, les dortoirs, où pendant la période d’hiver le chauffage central répand une douce chaleur comme dans les autres locaux de l’établissement.
Une magnifique salle de conférences, avec estrade et décors sert aux matinées récréatives, aux séances cinématographiques parlantes et aux auditions de concerts.
© Fonds C.B
Cinq cours de récréation sont réparties entre les différentes divisions. La grande cour, dite des jeux, agrémentée d’arbres et terminée aux extrémités par des jardins anglais, est réservée pour les jeux divers et, en particulier, le tennis. Un terrain de sport, voisin de l’école, permet l’entraînement en vue des épreuves sportives inter-scolaires et est destiné à l’éducation physique.
© Fonds C.B
LES ATELIERS
Le plan annexé donne une idée de l’organisation rationnelle des ateliers, qui occupent une série de bâtiments d’une longueur totale de 200 mètres, en bordure de la cour des jeux. Au premier étage sont installés quatre salles spacieuses destinées à l’enseignement du dessin industriel et du dessin d’ornement.
Les ateliers sont dans l’ordre suivant : forge, soudure, ajustage, électricité, machines-outils, outillage, station centrale, -thermique, fonderie, menuiserie et modelage. Ils sont complétés par le bureau d’études et de fabrication, le laboratoire d’essais des métaux, les magasins au fer et au bois.
La forge comporte 17 feux avec dispositif souterrain de soufflerie et d’aspiration de fumée, 17 enclumes, un four à réchauffer, un four à cimenter, un pilon pneumatique de 50 kg., un mouton à planche de 500 kg., une cisaille, une installation de forge d’art et une installation pour la soudure autogène et électrique, le découpage des métaux.
A l’ajustage se trouvent neuf longs établis avec 124 étaux à pied et un groupe de machines-outils à commande individuelle.
La section électricité possède également les machines-outils d’usage courant dans l’industrie électrique.
L’atelier des machines-outils, pourvu d’un pont roulant électrique comprend aléseuses, perceuses radiales, raboteuses, mortaiseuses, étaux-limeurs, fraiseuses, rectifieuses, tours à bancs horizontaux, tours à banc rompus, tours en l’air, tours verticaux, machines à centrer, scier, à tailler les engrenages droits et coniques, à percer, à mouler, presses, un poste à air comprimé pour le maniement des appareils pneumatiques. Un palan monorail assure la livraison du pont roulant avec la partie de l’atelier réservée au traçage et au montage.
© Fonds C.B
A l’atelier d’outillage ont été réunies toutes les séries de calibres, tampons, jauges de précision et les machines de haute précision pour l’affûtage et la rectification des outils. Il y a été annexé un petit laboratoire avec fours au gaz et au mazout, tous les appareils de mesures pyrométriques et les bacs à bains de trempe nécessaires aux traitements rationnels de l’outillage.
Le laboratoire d’essais des métaux comporte toutes les machines destinées aux essais à la bille, au choc, à la traction, à la compression, à la flexion, à la fatigue. On y a joint un banc de photomicrographie de Le Châtellier et un nécessaire complet de macrographie.
La fonderie a remplacé le tissage, dont la suppression a été décidée en 1914. Le matériel de fusion comporte 2 cubilots, un monte-charge électrique, un four potager et un four rotatif à huile lourde. Une voie Decauville dessert un pont-bascule et un casse-gueuse électrique. Le sol de moulage et les machines à mouler sont desservis par un pont roulant électrique. La liaison entre la fonderie, la sablerie et l’ébarbage est assurée par une voie monorail aérienne.
L’atelier de menuiserie et de modelage est pourvu de 36 établis et d’un grand marbre à tracer, placés au centre, les machines étant distribuées sur le pourtour. Ces machines, scies à rubans, circulaires, sauteuses, dégauchisseuses, raboteuses, toupies, tours, etc., sont commandées individuellement par des moteurs électriques placés sous le sol.
L’aspiration mécanique, des copeaux et des sciures, est installée et un système de gaines vient déboucher sur chaque machine.
La station centrale dispose de trois sources de force motrice : un poste de transformation avec deux transformateurs, une machine à vapeur à piston de 70 chevaux, avec un alternateur de 75 KV et un moteur semi-diésel de 27 chevaux avec l’alternateur de 30 KVA. Elle possède en outre, un groupe convertisseur de 30 KVA, et une chaudière multitubulaire équipée avec le tirage équilibré et munie de tous les appareils auxiliaires nécessaires.
Cette station est une installation modèle et un centre d’études pour les élèves. Tout, dans cette installation, a été conçu en vue de cet enseignement.
© Fonds C.B
Il est facile de se rendre compte par cette rapide description combien une telle installation peut contribuer à l’instruction technique des élèves qui, outre l’apprentissage qu’ils font à l’atelier pour lequel ils se spécialisent, accomplissent des stages dans d’autres ateliers, à la station centrale, à l’outillage et au bureau d’étude, apprenant ainsi à connaître les machines et leurs accessoires et s’initiant à l’organisation rationnelle du travail dans les usines.
Source :
La société amicale des anciens élèves des Écoles Nationales Professionnelles, Les Écoles Nationales Professionnelles de France 1895-1945.
© Fonds C.B
© Fonds C.B
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