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Le 11 octobre 1910. L’Ecole Livet quitte ses anciens locaux.
Le phare de la Loire. Le 11 octobre 1910
L’enseignement à Nantes
L’École Professionnelle Livet
L’École Livet quitte ses anciens locaux. — Elle va s’installer au Séminaire. — Une visite à la nouvelle École. Un superbe établissement.
Aujourd’hui a lieu la rentrée de l’École Nationale Professionnelle Livet.
Cette année, elle ne se fait pas dans la vieille école de la rue Sainte-Marie, où, en 1864, en quittant la rue des Capucins, l’avait installée M.Livet. L’École Nationale se fixe désormais rue Saint-Donatien, dans les bâtiments occupés jadis par le Grand et Petit Séminaire.
A la veille de la rentrée, nous avons cru bon d’aller visiter le nouvel établissement et nous rendre compte des transformations qu’il a subies pour sa nouvelle affectation.
Le Grand et le Petit Séminaire appartenaient à l’État. La loi de Séparation lui en rendit la libre disposition. Justement, depuis longtemps, les locaux de l’École Nationale Professionnelle étaient devenus insuffisants, et la reconstruction de l’École sur un autre emplacement avait été décidé. Sous l’Administration Sarradin, on avait même préparé un projet d’après lequel l’école serait bâtie sur un terrain situé dans les environs de la rue de la Pelleterie.
D’après les devis, on estimait l’achat des terrains à 300.000 francs. Le devis de construction n’avait pas encore été fait, mais, comme on doit penser, il se serait élevé à un chiffre considérable. Enfin, on prévoyait pour l’aménagement des voies d’accès à la nouvelle école une dépense de 500.000 francs.
Le projet, on le voit, était des plus onéreux. On peut se demander s’il aurait pu être exécuté d’ici longtemps.
La reprise par l’État des bâtiments du Séminaire allait permettre de réaliser dans des conditions financières excellentes le transfert de l’École Nationale Professionnelle Livet.
Les dépenses pour la nouvelle installation ne dépasseront pas les quatre cent mille prévus et qui sont fournis.
Trois cent mille francs par la Ville (200.000 d’achat de l’ancienne école et 100.000 de subvention) et cent mille francs par l’État.
Nul autre établissement n’était mieux désigné que le Séminaire pour recevoir l’École Nationale. Nous dirons plus : à moins de le démolir, il ne pouvait guère servir à une autre affectation. Les bâtiments et les jardins occupent une superficie d’environ trois hectares, bornés par l’avenue Chanzy, les rues Saint-André et Saint-Donatien.
L’entrée est sur cette dernière rue. Les bâtiments principaux, construits en pierres de schistes apparentes, avec parements de granit, forment un immense quadrilatère encadrant une cour d’honneur. Un vaste cloître, plafonné sur trois côtés, voûté et fermé de hautes baies vitrées sur le côté droit, entoure la cour d’honneur.
Au fond de celle-ci, vis-à-vis le porche d’entrée, s’élève la chapelle. Pour l’instant, elle reste inutilisée. Dans l’avenir, on y installera une salle de conférences, qui pourra être aménagée dans d’excellentes conditions. Cette salle rendra, non seulement à l’École, mais aussi à la Ville, de véritables services. La crypte de la chapelle, dont la voûte est soutenue par des piliers sculptés, est destinée à servir de salle d’exposition pour les travaux d’élèves.
Au rez-de-chaussée, à droite et à gauche de la chapelle, sont les classes de physique et de chimie, en gradins, remarquablement installées. Les deux étages de ce corps de bâtiment sont occupés par des dortoirs bien aérés, avec vestiaires, lavabos, water-closets.
L’aile faisant face à celle de la chapelle, c’est-à-dire celle où est située l’entrée, comporte, au rez-de-chaussée, à gauche en entrant : le cabinet du directeur, l’économat et le parloir ; à droite : la bibliothèque des professeurs et le logement du concierge. Au premier étage, on trouve : à gauche un vaste appartement réservé au directeur, à droite : l’appartement de l’économe. Le surveillant général et les commis d’économat sont logés au second étage.
Le rez-de-chaussée de l’aile gauche est occupé par les immenses réfectoires, lambrissés de panneaux de chêne verni, et dans lesquels la lumière entre à flots par de nombreuses fenêtres. Les réfectoires sont ceux du Séminaire. On n’y a rien changé. Aux deux étages supérieurs ont été installés d’autres dortoirs.
Les sous-sols de ce bâtiment contiennent les cuisines. Par leur ampleur, elles sont dignes de celles de Gargantua. On a fait ici un aménagement tout nouveau. De grandes baies ont été pratiquées de façon à éclairer largement tous ces sous-sols, admirablement construits et qui, du temps du Séminaire, servaient seulement de caves. De gigantesques monte-plats font communiquer les cuisines et les réfectoires. A côté des cuisines, se trouvent les caves, les magasins de réserve et les réfectoires des garçons. Un chemin couvert, en pente douce, sur laquelle court un wagonnet, met en communication les cuisines avec une porte de service par laquelle entreront victuailles et denrées.
Dans l’aile droite, le rez-de-chaussée, précédé du beau cloître voûté et vitré, bien exposé au Midi, contient des classes ; le premier étage, les salles de dépôt des modèles ; le second, les logements des répétiteurs.
Les ateliers et la forge occupent de vastes bâtiments construits spécialement, au bas du jardin, à gauche, parallèlement à la rue Saint-André.
L’atelier d’ajustage mesure 50 mètres de longueur sur 20 m de largeur, la forge 10m. de longueur sur la même largeur. La toiture est disposée de façon à donner ce qu’on appelle l’éclairage en dents de scie. Toutes les machines sont mues par l’électricité.
A côté des ateliers, on a réservé le bureau de l’ingénieur, une salle de dessin et des lavabos.
Un autre bâtiment, neuf lui aussi, élevé au fond du jardin, du côté de l’avenue Chanzy, contiendra l’infirmerie.
Le rez-de-chaussée renferme le cabinet du médecin, une salle de pansements, une salle de bains, un logement de surveillant et deux dortoirs de dix lits. Au premier étage, il y a trois chambres d’isolement et un logement de surveillant.
Le Grand Séminaire a été bâti de 1860 à 1865 en matériaux de première qualité. Le Petit Séminaire, qui date de 1828, croyons-nous, est dans un moins bon état. Il se trouve à droite du Grand.
Au fur et à mesure des besoins nouveaux, il pourra être reconstruit d’une façon plus moderne. En attendant, on l’utilise tel qu’il est.
Un échange fait avec le Séquestre — certaines parties du Petit Séminaire appartiennent en effet à la mense épiscopale — a permis d’agrandir de ce côté les locaux. Il est à souhaiter qu’un nouvel échange ait lieu prochainement, de façon à faire entrer dans l’École Nationale un bâtiment qui, par sa situation ne peut qu’en faire partie.
Dans le Petit Séminaire, on a placé l’atelier de menuiserie et différentes classes. Un petit terrain en contrebas, le long de la rue Saint-André, entre le Grand Séminaire et la chapelle de la Psalette, va très probablement être transformé en tennis.
Tout l’établissement est éclairé par 400 lampes électriques ; le gaz existe aussi dans certaines parties. Le chauffage est à la vapeur. Les appareils de celui-ci sont disposés dans une chambre de chauffe qui n’a pas moins de neuf mètres de profondeur.
Tous les travaux d’aménagement, ainsi que les constructions nouvelles, ont eu lieu sous la direction de M. l’architecte Lafont qui, avec un grand esprit d’à-propos, a su tirer le meilleur parti des éléments mis à sa disposition, et, sans se lancer dans des dépenses inutiles, a édifié, dans d’excellentes conditions pratiques, les ateliers et l’infirmerie. On ne saurait trop le féliciter.
L’École Nationale professionnelle Livet possède donc maintenant une installation vraiment digne de son importance et de sa prospérité toujours croissante. Elle va marcher d’un pas affermi vers des destinées nouvelles et, de ce grandiose établissement de la rue Saint-Donatien, sortiront désormais des hommes solidement armés pour les luttes de la vie, utiles à la Société et à eux-mêmes.
Etienne DESTRANGES