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Mois de juin et de septembre 1943
Le 23 septembre 1943
Si à l’époque Nantes ne faisait pas partie de la zone côtière interdite, l’accès à la proche banlieue ouest (Indre, la Montagne etc.) ne nécessitait plus « d’ausweis » depuis quelque temps. En plus le long séjour à Glisolles, dans l’Eure, s’était terminé avec le retour de mon père (Emile) comme chef du contrôle de Sartrouville (US de la SNCAN).
Donc de Normandie la famille était revenue à Paris et profitant des derniers jours de vacances scolaires avait décidé d’aller passer quelques jours chez les grands-parents que nous n’avions pas revus depuis août 1940.
Par un temps ensoleillé le voyage Montparnasse - Le Mans se passât normalement, aux ralentissements près pour franchissement des ponts provisoires, encore peu nombreux. Mais en arrivant au Mans le train fut reculé sur une voie de garage où nous patientâmes 2 bonnes heures, sans explication. Puis haltes à Angers et à Ancenis ce qui fait qu’au lieu d’être à Nantes Orléans vers 13 heures nous y arrivâmes vers 16 heures et l’oncle Nantais qui nous attendait était reparti à son travail à la gare de l’Etat sur la prairie au Duc. Le tram nous y conduisit et vers 17 heures (15 h Z) arrivés 4 nous repartîmes 5 vers son domicile car après le bombardement du matin (explication du stationnement au Mans) il n’y avait pas de bateaux pour la basse Loire. Pas de tram non plus pour Zola sur la ligne par la place Mélinette (écrit comme on le prononce à Nantes). Un était prêt à partir par la rue du Calvaire la place de l’Edit de Nantes terminus Zola mais du côté Est de la place. Le normal devant partir plus d’une demi heure après, va pour celui là et la traversée de la place en plus de la rue des Renardières avec les valises.
Arrivés chez les parents, rue Paul Bert, depuis 5 minutes : alerte. « Ils viennent photographier les résultats de ce matin » (je crois que tout ce qui était à quai était soit en feu soit coulé) Un bon quart d’heure après, le volume de bruit ne correspondait pas du tout à un avion de reconnaissance mais à une bonne quantité de « box » de quadrimoteurs. Le nez à la porte confirme qu’il y a beaucoup de gros avions cap au sud-sud-est (en gros au 150-155). L’axe du stream est à près d’un kilomètre à l’est de nous et vole haut, à plus de 4.000 m ?
Les bombes sont larguées vers la verticale du château d’eau de la Contrie. C’est tout ce que j’ai vu ma mère et ma tante se sont précipitées pour me faire rentrer, alors que je ne risquais rien la DCA était quasi inexistante à ce moment ; ultérieurement la flak c’est déchainée mais le centre de Nantes était détruit. Le box externe gauche réussissait à démolir l’Hôtel-Dieu alors que l’externe droit recoulait un cargo au quai de la Fosse et démolissait les immeubles de l’angle du quai et de la rue des trois matelots (ils appartenaient à ma Grand-Mère).
Quand on sait que la Loire à Nantes coule de l’est vers l’ouest soit en gros au 270 la qualification du planificateur de l’USAAF relève du 0 pointé (120° d’erreur c’est beaucoup). Il a eu je ne sais plus combien de morts sur la conscience ! Vous le savez sûrement mais ça devait dépasser les 3.000. Tout le monde croyant à un avion de reconnaissance, peu de monde s’est affolé surtout centre ville.
Ce que l’oncle nous a appris plus tard c’est que notre tram a été le dernier a arriver à Zola, le suivant par la rue du Calvaire a reçu une bombe de 500 livres de plein fouet devant le temple. Celui par la rue Crébillon et le musée Dobrée a probablement été arrêté par la coupure des lignes électriques.
Je n’ai aperçu une petite partie du centre que 3 ou 4 jours après, quand nous sommes allés prendre le train à la gare d’Orléans. Venant de La Montagne nous avions rejoint Nantes par le service de bateau de la Basse Loire, le ponton était le même que celui des Abeilles, du côté de la petite Hollande. Si l’île Feydeau ne semblait pas avoir souffert, il y avait une véritable trouée dans la ville et des rails de tram vrillés en tire bouchon sortaient des cratères.
Voilà tout ce dont j’ai en mémoire du bombardement du 23 septembre 43 et de ses suites à Nantes même, sauf bien sûr du bruit. Mais j’avais entendu bien pire à Paris le 6 septembre la bombe la plus proche était tombée à 300 mètres, le 23 nous étions à plusieurs kilomètres de la zone d’impacts.
J-L.Coroller 02/2009
Tous droits réservés
Note :
Trace a été retrouvée de René Valentin NÉVO, ancien élève du lycée, né le 25 octobre à Saint Nazaire (déclaré dessinateur aux Chantiers de Penhoët à son décès en 1943 sous les bombardements de Nantes).
Rentrée d’octobre 1943
Documents Maurice Pelloquet
© Fonds C.B