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La presse Bliss
© M. L
SUJET : À la manière de Zola, rédigez une description de la machine « Presse Bliss » perçue par un certain Eugène...
Sa dernière acquisition : une presse Bliss de plus de cinq tonnes ! Eugène en était fier, il la voulait depuis des années ! Pour lui, elle était incomparable aux autres. Dès qu’Eugène l’avait vue, il avait été subjugué. Puis il décida qu’elle deviendrait l’emblème de l’atelier mécanique du lycée dont il était le créateur. Grâce à elle, il allait attirer beaucoup d’élèves. Il lui fallut du temps pour convaincre les banquiers de lui prêter de l’argent pour l’acheter.
Au départ, Eugène « fils » n’était pas d’accord avec son père pour cet investissement. Le fiston avait peur de la presse, il la trouvait trop imposante. Il pensait que son prix était déraisonnable vu qu’ils étaient déjà endettés. Après de multiples demandes du père, le fils céda. Eugène y était tellement attaché qu’il lui donna un nom : « Bliss ». L’admiration d’Eugène était légitime : Bliss était à couper le souffle, comme les grandes femmes. Elle était composée d’une manivelle que l’on actionnait avec le pied. Ce mécanisme enclenchait la courroie avec un excellent bandage qui faisait tourner les deux poulies jaunes. Ces deux pièces entraînaient l’arbre qui était huilé par deux bombonnes placées à chaque extrémité. L’arbre activait le petit pignon jaune qui mettait en action le somptueux engrenage. Celui-ci était la pièce maîtresse de la Bliss, il était huilé par un petit boîtier en son milieu. L’engrenage activait la bielle puis celle-ci entraînait avec elle le poinçon qui martelait la matrice. Après, on démoulait la pièce en métal enfoncée dans la matrice. Ainsi, on obtenait la pièce avec la forme voulue.
Mais un jour, un inspecteur venu faire une visite avait, avec l’accord d’Eugène, fait une démonstration. Accidentellement, il cassa la table en fonte qui soutenait la matrice suite à de mauvais réglages. Les Livet ne purent jamais la remplacer, alors Bliss fut entreposée dans la crypte.
La machine était gigantesque, encombrante mais majestueuse et gracieuse. Il en était fier.
Après cela, il s’assit devant la machine afin de la contempler sous sa forme finale. Il avait l’impression de la connaître par cœur, jusqu’au nombre de dents de chaque rouage alors qu’il n’en savait rien. Cela l’étonnait, l’intriguait. Les deux lampes situées à l’arrière de la machine lui faisaient penser à des yeux luisants. Il était fasciné par la puissance que dégageait cette machine mais il éprouvait une certaine peur.
Le directeur, tellement heureux de son acquisition, la mit en marche sans suivre les recommandations du vendeur… Ses rouages bougèrent, la roue titanesque se mit lentement en mouvement. Le rythme s’accéléra progressivement et bientôt la roue tourna à sa vitesse optimale.
Eugène contempla cette masse vivante. Il la trouva gracieuse dans sa façon de se mouvoir. Il actionna l’embrayage afin d’abaisser la partie verticale qui vient former la pièce. Le bras métallique s’abattit alors violemment sur la petite pièce. Eugène retira l’objet. Le métal avait pris la forme du moule. La machine fonctionnait parfaitement ! L’homme se rassit dans sa chaise, en face de l’objet.
Soudain, la roue lui sembla s’accélérer, ainsi que le bruit. Le mécanisme paraissait s’emballer. Le directeur eut alors la vision que la machine allait se déchaîner sur lui et l’attaquer. Il se leva d’un bond. La machine, à court d’énergie, se calma alors lentement jusqu’à essoufflement.
C’était une merveille : du haut de ses deux mètres de hauteur, l’ensemble de son corps rond et articulé, composé de plomb, était équipé d’un moteur électrique radieux qui permettait d’entraîner une roue avec volant d’inertie. Sa manière d’emboutir et de découper les outils suffisait à rendre son créateur heureux ; plus puissante, plus majestueuse que toutes les machines du monde, elle était le symbole de l’ère industrielle du XIXème siècle et de son école technique.
Cette machine se nommait Lion mais Eugène, par tendresse, lui ajouta une touche de féminité : La Lionne, comme il l’appelait de manière affective. Chaque jour, il consacrait son temps à la chérir, à la caresser, à la nourrir de son huile préférée avec amour et une détermination impressionnante. Elle rayonnait, elle vivait ; c’était sa muse. Obéissante et facile au démarrage, avec une marche fidèle et persévérante, son âme ravissait Eugène.
Sa dernière acquisition : une presse Bliss de plus d’une tonne cinq ! Eugène en était fier, ce monstre de deux mètres fascinait son créateur. Eugène savait que sa presse Bliss n’était pas comme les autres : en effet, il se doutait que sa machine était en avance sur son temps. Il regarda la bête mécanique avec amour comme s’il s’agissait de sa propre femme. A peine la toucha-t-il qu’Eugène sentit un ronflement souterrain, un souffle intérieur et un cœur métallique à l’intérieur de la presse Bliss. Eugène en était ravi.
Textes d’élèves de 2de 6 qui ont travaillé en Accompagnement Personnalisé sur le site et l’exposition du Centenaire.