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Dictionnaire des lycées publics des Pays de la Loire

Être livétien entre 1939 et 1945

René GOUY ancien élève de Livet (1939-1945) a rédigé ce texte pour Livet-Histoire en Mai 2008.

I - J’ai été admis par concours en 1939 en Section préparatoire. Les cours étaient dispensés dans les salles de l’IPO (Institut Polytechnique de l’Ouest) situé rue du général Buat, en raison de l’indisponibilité des locaux de l’ENP(école nationale professionnelle) Livet, rue Dufour, locaux occupés par les services de l’hôpital militaire. Cet hôpital soignait les malades et les blessés appartenant en grande majorité aux régiments d’infanterie coloniale .Comme les autres collèges et lycées de la ville, Livet comportait sur ses toitures les signes distinctifs de la Croix-Rouge afin d’être épargné par les raids de bombardement aériens.

L’enseignement était assuré par Monsieur ROQUET, enseignant de haute qualité qui dispensait tous les cours d’enseignement général ; les deux heures hebdomadaires d’atelier avaient lieu à Livet et étaient assurées par des professeurs d’atelier.

La qualité de l’enseignement reçu permit à tous les élèves d’être reçus au concours d’entrée en première année en 1940.

II- La durée des études était de quatre années, allant de la 1ère à la 4ème qui était l’année terminale. Pour la promotion 40/44 cette terminale s’est effectuée, selon la spécialité d’atelier choisie, à Tarbes, Vierzon ou Oyonnax mais pendant une durée de seulement trois mois environ .Cette scolarité tronquée à cause de la guerre s’est déroulée au détriment de l’efficacité de l’enseignement. Seuls trois élèves dont moi-même demandèrent une dérogation d’un an et purent faire cette 4ème à Nantes avec la promotion suivante et eurent trois trimestres d’enseignement durant l’année scolaire 1944-1945.

De nombreux points concernant cette période de 1939 à 1945 peuvent être évoqués sur un document traitant de la vie quotidienne au sein de l’établissement, en lien avec la vie de la population nantaise. La dureté des conditions faites à chacun peut être développée en lien avec le décor et l’environnement et il est possible d’évoquer les tragédies dont le déroulement nous a laissé en héritage le nom de camarades et de professeurs disparus mais évoqués sans cesse dans les mémoires.

Alcide GABARET (promotion 38-42) a été fusillé au cours de l’attaque du maquis de Saffré du 15 au 28 Juin 1944.

Claude LE GUYADER (promotion ?- ?) fut le plus jeune fusillé au maquis du Vercors. Au cours de l’année 1945 sa dernière lettre a été lue aux élèves.

Simon KRAVETZ (promotion 40-44) a été arrêté en pleine classe de français par deux militaires allemands en raison des mesures anti-juives ; il portait l’étoile jaune cousue sur son blouson. Incarcéré avec son père et sa mère à Angers, il fut déporté par le convoi n°8 le 20 Juillet 1942 avec 824 juifs dont 430 femmes et 239 jeunes de 15 à 24 ans. A l’arrivée à Auschwitz, sa maman et lui furent exécutés en chambre à gaz alors que le papa disparaîtra par la suite, anéanti par le travail forcé.

Raymond COUTANT (promotion 40-44) a été tué lors des bombardements en Septembre 1943 à Nantes.

Georges LAUMAS (promotion 40-44) a été tué lors des bombardements en Septembre 1943 à Nantes.

Photographie David et Vallois, Levallois - Paris. 1ère année 1940-1941. Simon KRAVETZ est au premier rang, assis par terre ; le quatrième à partir de la droite.

Simon KRAVETZ est au troisième rang, le troisième à partir de la gauche.

M. René GOUY est, ici, au 2ème rang à partir de la gauche.

Document Maurice Pelloquet

Une croix de Lorraine composée par les élèves pour l’Armistice.

Le 23 juin 2008 lors d’une rencontre avec MM. René GOUY, Guy JALLAIS, Michel KEREZEON (anciens élèves de Livet), Daniel CHAUVEL, Claude BRIANTAIS, Benoît PICHERIT professeurs nous avons pu approfondir ce qu’était la situation des livétiens entre 1939 et 1945.